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17 avril 2010

Sara n’habite pas si loin en fin de compte

En effet Sara n’habite pas si loin en fin de compte. Si Sara est bien la sœur de Léa, Léa lui rend quinze ans. Léa ne sait jamais bien qui tiendra compagnie à Sara, qui sera à ses pieds, quel sera le chevalier servant se multipliant pour anticiper tous ses désirs sans se douter qu’un jour pas si lointain il devra les considérer comme des caprices. Léa ne tient pas les comptes, d’autant moins qu’elle est loin de posséder l’ensemble des informations. Le dernier, à sa connaissance, ressemblait à Henry VIII — elle ne se fit pas de soucis pour autant — et le précédent à Bertold Brecht avec ses lunettes rondes et sa frange. Elle se rappelle aussi un tout jeune homme aux faux airs de Zinedine Zidane, et une autre fois où elle crut être opposée à George Clooney — Sara ne se distinguait pas toujours par l’originalité de ses goûts —, à croire que ses conquêtes allaient tous azimuts, comme si elle voulait épuiser tous les possibles de la gent masculine. En revanche ses goûts littéraires sont beaucoup plus arrêtés.
La veille Léa a rêvé que Sara sortait avec Alain. Pendant tout le trajet, en tram, en bus et à pied, elle demeura dans ses songes alors que Maurice la regardait furtivement comme un prétendant incapable de franchir le pas. La reconstitution de son rêve se limitait à voir Alain se recommandant de l’empereur de Patagonie auprès de Sara à qui il offrait un flacon d’Hermès qu’elle débouchait d’une pichenette avant de se l’enfiler cul sec.
Sara est seule avec ses chats. Elle toise Maurice à croire qu’elle n’en a jamais vu de cette espèce, non sans aménité cependant. Elle s’y entend en grands numéros. Entraînant Léa à la cuisine prétextant son expertise à propos du croustillant des cookies, elle la félicite pour son choix qu’elle ne connaissait jusque-là que par sa littérature qui, parfois, a tendance à enjoliver. Léa ne parvient pas à se détendre. Elle sait qu’elle ne donne pas le change, elle ne peut rien cacher à Sara qui l’a toujours percée de part en part. N’était-elle pas la fée au-dessus de son berceau ?
C’était la première fois qu’elle trouvait Sara sans un amant à ses pieds (littéralement). L’hypothèse entrevue cette nuit ne se démentait pas formellement. L’hypothèse de repartir sans Maurice l’effleura aussi.