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18 avril 2010

De surcroît Sara a l’embarras du choix question promenades

Sara propose à Léa d’aller se promener. Maurice était déjà descendu dans le jardin qui court le long de la maison en miroir de celui des voisins dont la maison est identique à celle de Sara.
Sara et Léa découvrent Maurice en contemplation devant un figuier rebelle à toute idée de frontière dont les bourgeons offrent sur la même branche plusieurs étapes de leur développement. Maurice exprime la même stupeur que s’il voyait un nouveau-né pour la première fois.
Léa prolonge vers Maurice la proposition de Sara, en ajoutant que ça les changera des jardineries.
Maurice sursauta, comme surpris l’œil dans le trou de la serrure.
Sara les rejoignit aussitôt. Elle leur annonce qu’il y a deux côtés pour les promenades et ajoute, après avoir sorti de son sac un livre de poche, — « car il y avait du côté de Krönberg deux côtés pour les promenades, et si opposés qu’on ne sortait pas en effet de chez nous par la même porte quand on voulait aller d’un côté ou de l’autre : le côté de Meinkirchen, qu’on appelait aussi le côté de chez Wink parce qu’on passait devant la propriété de monsieur Wink pour aller par là, et le côté de Kampfminze. De Meinkirchen, à vrai dire, je n’ai jamais connu que le côté et des gens étrangers qui venaient le dimanche se promener à Krönberg, des gens que, cette fois, ma tante elle-même et nous tous ne connaissions point et qu’à ce signe on tenait pour des gens qui seront venus de Meinkirchen. Quant à Kampfminze, je devais un jour en connaître davantage mais plus tard seulement ; et pendant toute mon adolescence, si Meinkirchen était pour moi quelque chose d’inaccessible comme l’horizon, dérobé à la vue, si loin qu’on allât, par les plis d’un terrain qui ne ressemblait déjà plus à celui de Krönberg, Kampfminze lui ne m’est apparu que comme le terme plutôt idéal que réel de son propre côté, une sorte d’expression géographique abstraite comme la ligne de l’équateur, comme le pôle, comme l’orient. Alors, prendre par Kampfminze pour aller à Meinkirchen, ou le contraire, m’eût semblé une expression aussi dénuée de sens que prendre par l’est pour aller à l’ouest. Comme mon père parlait toujours du côté de Meinkirchen comme de la plus belle vue de la plaine qu’il connût et du côté de Kampfminze comme du type de paysage de rivière, je leur donnais, en les concevant ainsi comme deux entités, cette cohésion, cette unité qui n’appartiennent qu’aux créations de notre esprit (…) »
Sara regarda tour à tour Léa et Maurice.
— Descendons vers la rivière, dit Léa.
— Ou bien allons vers la plaine, répondit Maurice.