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29 janvier 2011

La vie est un ronron

— « Mais, au cœur de leur relation, il reste “Papoose”, le chat de Spaeth. Quand, à la fin de juin 1989, Steinberg téléphone depuis Springs pour lui annoncer que son chat a disparu pour aller mourir dans un coin, il exprime une inconsolable tristesse : “mon papillon… ma créature de rêve… mon rêve”. Steinberg était fasciné par “Papoose”, en qui il voyait peut-être un symbole des attributs de l’âge ; il l’observait déambuler dans son jardin avec une lenteur pleine de dignité, “comme un Mexicain transpercé par une flèche”, écrit-il. »

Ristourne n’écoute pas plus que d’habitude. La lecture est un ronron, la vie de Ristourne est composée de toutes sortes de ronrons. Il vit sa vie de chat au chaud, sa sieste mexicaine comme un art de vivre, ignorant le danger qui guette la quiétude du 87 boulevard de la Fraternité. Il reçoit monsieur H. comme un ami charmant, Alain comme un maître intermittent, alors que Sara n’a jamais eu la cote, au contraire de sa collection d’amants, chacun fêté sans distinctions, quoique avec une préférence pour les adeptes du pull-over.

28 janvier 2011

Loup ou brebis

— « Je t’en prie, frère, ne considère pas comme une injure la comparaison que je me suis permis de faire ; il vaut mieux être une brebis qu’un loup, il vaut mieux être l’assommé que l’assommeur — il vaut mieux être Abel que Caïn. Et, je me plais à croire que je ne suis pas, ou plus exactement je sais que je ne suis pas un loup. Admettons que nous soyons des brebis, toi et moi, non seulement en imagination, mais en réalité, dans la société. Bien — comme il existe des loups affamés et perfides, il n’est pas dit que nous ne serons pas dévorés un jour. Eh bien ! je pense, mais cette pensée n’est pas précisément réjouissante : il vaut mieux, après tout, sombrer que faire sombrer un autre. »
— Tiens, c’est pas monsieur H. qu’on entend renifler derrière la porte ?
— Il ne renifle pas, il prend position.

26 janvier 2011

Retour sur les côtés

— « Ce petit lac était sans prix comme voisin dans les intermittences d’une douce pluie d’août, lorsque à la fois l’air et l’eau était d’un calme parfait, mais le ciel découvert, le milieu de l’après-midi avait toute la sérénité du soir, et que la grivette chantait tout à l’entour, perçue de rive à rive. Un lac comme celui-ci n’est jamais plus poli qu’à ce moment-là ; et la portion d’air libre suspendue au-dessus de lui était peu profonde et assombrie par les nuages, l’eau, remplie de lumières et de réverbérations, devient elle-même un ciel inférieur d’autant plus important. Du sommet d’une colline proche, où le bois avait été récemment coupé, il était une échappée charmante vers le sud au-delà de l’étang, par une large brèche ouverte dans les collines qui là forment la rive, et où leurs versants opposés descendant l’un vers l’autre suggéraient l’existence d’un cours d’eau en route dans cette direction à travers une vallée boisée, quoique de cours d’eau il n’en fût point. Par là mes regards portaient entre et par-dessus les vertes collines proches sur d’autres lointaines et plus hautes à l’horizon, teintées de bleu. »

— Ça me rappelle la promenade avec Sara quand j’ai perdu mes bottes, quand on a découvert la bibliothèque des livres qui n’ont pas encore été écrits.
— C’est en effet un des côtés possibles pour aller là-bas.
Léa saisit un autre livre peuplé d’images inquiétantes.
— « La plaie du crépuscule commence à éclairer un bois, on y décèle des animaux agissant comme des enfants, derrière ces agissements, des hommes en costume gèrent des négociations en quelques sales poignées de mains, derrière le masque de ces enjeux, nés des pulsions irrépressibles, d’une force non muselée, sourd une menace, réelle ou supposée, et cette menace envahit tout. On dit que les reliques d’anciennes croyances seront réactivées lorsque l’homme-loup de l’antique forêt obscure sortira du bois. »

23 janvier 2011

Léa de préférence


Léa ne s’appelle plus Lucinda. Léa est Léa 24/24 & 7/7. Le nouveau déploiement des tâches lui réclamait qu’elle devînt Lucinda 24/24 & 7/7, à moins de pouvoir passer de l’une à l’autre au pied levé, ce qui est à peu près aussi commode que de jouer toute seule au ping-pong avec plusieurs balles.
Maurice a reçu la nouvelle avec joie. Il n’avait jamais aimé Lucinda. Quand Léa lui fait la comparaison avec le ping-pong, il lui répond plutôt tango, ou paso doble, quitte à affaiblir la métaphore. Si cette joie n’est pas feinte, elle est tout à fait irresponsable.
Que Maurice n’ait jamais aimé Lucinda troubla Léa. Il ne l’a jamais rencontrée.

— « Je ne veux pas insister ici sur le désavantage de la location comparée à la possession, mais il est évident que si le sauvage possède en propre son abri, c’est à cause du peu qu’elle coûte, tandis que si l’homme civilisé loue en général le sien, c’est parce qu’il n’a pas le moyen de le posséder ; plus qu’il ne finit à la longue par avoir davantage le moyen de le louer. Mais répond-on, il suffit au civilisé pauvre de payer cette taxe pour s’assurer une demeure qui est un palais comparée à celle du sauvage. »

21 janvier 2011

24/24 & 7/7

Léa ne s’appelle plus Lucinda. Pridami ne s’appelle plus tout à fait Pridami, Pridami s’appelle Pridami.com tandis que, si la zone d’activité commerciale s’appelle toujours René-Monory, la coutume l’a transformée en René-Monoprix au grand dam de la famille de l’ancien président du Sénat.
Pridami.com s’est repositionné. En se repositionnant, Pridami.com a dû proposer à Lucinda, comme à toutes les autres Lucinda quels que soient leurs prénoms, de nouvelles affectations plus en rapport avec le nouveau profil de l’entreprise Pridami.com. Le sous-titre de Pridami.com, comme celle de son corollaire Pridami-Drive, est « 24/24 & 7/7 ». Le calcul est vite fait. Son résultat implique un nouveau déploiement des tâches.

20 janvier 2011

Du travail

— « (…) dans les camps, on ne force personne à travailler, mais (…), si on refuse, on est jugé et exécuté. »

17 janvier 2011

À la porte

— « Certains d’entre vous, nous le savons tous, sont pauvres, trouvent la vie dure, ouvrent parfois, pour ainsi dire, la bouche pour respirer. Je ne doute pas que certains d’entre vous qui lisez ce livre sont incapables de payer tous les dîners qu’ils ont bel et bien mangés, ou les habits et les souliers qui ne tarderont pas à être usés, s’ils ne le sont déjà, et que c’est pour dissiper un temps emprunté ou volé que les voici arrivés à cette page frustrant d’une heure leurs créanciers. »
Léa sursaute. Maurice regarde vers la porte. Ristourne se blottit derrière le canapé.
Fausse alerte. Le terme n’est que demain.
— « Que basse et rampante, il faut bien le dire, la vie que mènent beaucoup d’entre vous, car l’expérience m’a aiguisé la vue ; toujours sur les limites, tâchant d’entrer dans une affaire et tâchant de sortir de dette, bourbier qui ne date pas d’hier… »
Si, on frappe à la porte, frapper c’est trop dire, on toque, en tapinois, c’est encore trop, on s’apprête en regardant la porte aveugle, y cherchant un miroir pour parfaire son nœud de cravate ou on glisse un peigne dans ses cheveux brillantinés et lustre d’un revers de manche ses souliers vernis.

15 janvier 2011

Les aventures d’Ersatz, Kitsch & Artefact au pays des fleurs

Maurice et Léa sont de retour dans leur jardinerie dominicale, grisés du même bonheur que lors de retrouvailles avec la mer, la montagne ou la vue sur Ivrea débarrassée de son artefact gravé dans les mémoires, à commencer par celle de Stendhal.
Combien de dimanches depuis leur dernière visite ? Maurice est étourdi par les parfums, Léa par les couleurs. Cet ersatz de nature n’a rien perdu de ses sortilèges. Comme naguère, la dimension kitsch ne les regarde pas. Plus encore que la virtualité de ces prémices, les intéresse, Maurice surtout, la richesse de ce catalogue pour de vrai.
Léa revint vers Robert Walser, se proposant de le confronter à ces paysages en toc. Il répondit du tac au tac.
— « Alerte comme il convient à un valeureux marcheur et piéton, j’avançais avec entrain, sans trop me soucier de certains détails qui surgissaient chacun à sa manière, tantôt discrètement, tantôt abruptement, mais je m’attachais sans cesse, avec une confiance familière, au spectacle réconfortant du grand tout circulaire qui, figuré ici et là, fluctuait, scintillait loin à la ronde. Qui se déplace dans le vaste monde ne doit prendre en considération que ce qui est vaste, et ne diriger ses pensées et ses regards que vers ce qui est grand, libérateur, émouvant. Ce qui est petit, menu, doit traverser comme d’un léger coup d’aile le regard qui embrasse le bienveillant tout, bien que chaque apparence, chaque fétu méritent notre attention, en tant que tels. »

— « C’est sur cette hauteur que je me promenais, marchant à ses côtés, avec une femme que je n’avais pas revue depuis plusieurs années, et vers laquelle à nouveau je m’étais senti attiré. Passant devant de gaies petites gloriettes nichées sous les sapins et les feuillus, nous montions à pas lents vers la forêt en suivant un clair chemin. De temps en temps, j’épiais quelques signes d’aménité sur le beau mais froid visage de la femme, sans y déceler toutefois la moindre nuance de sympathie. Son visage restait morose, presque renfrogné, et ne témoignait aucune joie au gracieux spectacle de la nature. Aussi charmante qu’indifférente, elle cheminait à côté de moi et en répondait qu’à contrecœur et avec mauvaise humeur, ou même pas du tout, à tout ce que je lui proposais. »
— Dis, Maurice, crois-tu que cette femme a changé, ou est-ce l’éloignement dans le temps qui en avait modifié la perception, en l’idéalisant, ou ne l’a-t-il jamais aimé parce que si mal aimable ?
— La troisième solution, parce que si mal aimable.
Léa s’étonne de la sûreté de la réponse de Maurice. Elle marque une pause en le regardant jouer avec Ristourne, et poursuit sa lecture en silence.
« — Vous êtes fâchée, osai-je lui dire.
— Cela pourrait-il seulement vous blesser ? J’ai de la peine à le croire, car vous m’avez oubliée depuis longtemps. Plaisant de se revoir, n’est-ce pas ? »

13 janvier 2011

87 bis

De tous temps, depuis ses quatre ans en tout cas, Alain ne s’est jamais rappelé l’anniversaire de Maurice. Il se contentait de profiter goulûment de son gâteau, de lui souffler les bougies sous le nez, et de lui casser ses cadeaux.
Ne répondant à aucune invitation sinon celle, permanente, que Léa lui répète, Alain est venu, avec dans les bras, encombrant, un grand rouleau en carton robuste qu’il rapporte de son voyage en Allemagne, dit-il avec un « eh oui seulement » dans le ton, duquel il extirpe un autre rouleau qui lui se déroule en colimaçon — à la grande joie de Ristourne. Maurice et Léa sont surpris. (Au fait, ce n’est pas l’anniversaire de Maurice aujourd’hui.)
— C’est un peu comme chez vous, non ?


Alain ne sait plus où ranger les remerciements. Il n’est pas équipé pour.
Léa propose un mur pour l’accrocher. Alain refuse. Il regarde le mur. On se souvient avec lui de Joséphine, qui était là.
Non, aucun autre mur n’est assez grand.
Alain remporte son rouleau. Il se souvient soudain que ce n’est pas l’anniversaire de Maurice aujourd’hui. Il s’en excuse.
— Au temps pour moi.

11 janvier 2011

Un chapitre à l’avance

— « On se prend de mon affection à ma mémoire ; et d’un defaut naturel, on en faict un defaut de conscience. Il a oublié, dict-on, cette priere ou cette promesse. Il ne se souvient point de ses amys. Il ne s’est point souvenu de dire, ou faire, ou taire cela, pour l’amour de moy. Certes je puis aisémeent oublier, mais de mettre à nonchalloir la charge que mon amy m’a donnée, je ne le fay pas. Qu’on se contente de ma misere, sans en faire une espece de malice, et de la malice autant ennemye de mon humeur. »

Léa revient sur Montaigne, elle le lit et le relit, le même chapitre, pour elle, pour Maurice, pour le garder en mémoire, c’est le moins qu’il propose — avec tact —, pour l’entendre comme il se doit — loin du toute vindicte — à force de le répéter, comme s’il contenait la clef en son sein.

Maurice ne se retient pas d’aller un chapitre au devant, où sa mémoire s’est surpassée.
— « Aussi voyons nous qu’au don d’eloquence les uns ont la facilité et la promptitude, et ce qu’on dict, le boute-hors si aisé, qu’à chaque bout de champ ils sont prests ; les autres plus tardifs ne parlent jamais rien qu’élabouré et premedité. Comme on donne des regles aux dames de prendre les jeux et les exercices du corps, selon l’advantage de ce qu’elles ont de plus beau… »
— Attends-moi Maurice, ne t’emballe pas trop, comme si tu allais tout oublier.

7 janvier 2011

Pas encore déjà

— « Il s’assit et alluma une cigarette. Après avoir regardé l’écran pendant quelques minutes il eut l’impression d’avoir déjà vu le film, des années auparavant. Les personnages semblaient vaguement reconnaissables dans leurs rôles et certaines des choses qu’ils disaient lui étaient familières, comme c’est souvent le cas des événements au fur et à mesure qu’ils se déroulent dans les films qu’on a oubliés. Puis le héros, une vedette de cinéma qui vient de mourir, prononça une réplique — posa une question directe à un autre personnage, un étranger à peine arrivé à cheval dans la petite ville ; et d’un seul coup, tout se mit en place et James sut exactement les mots que l’étranger allait choisir en réponse à la question. Il connaissait la tournure que l’histoire allait prendre mais continue de regarder le film en proie à une appréhension croissante. »

— Cette histoire aussi donne une impression de déjà vu.
— Plutôt de déjà vécu.
— Pourtant elle n’est pas encore écrite.
— Tu parles de la suite, de ce qui va venir ?
Léa regarde alors Maurice d’un drôle d’air (très fugitif).
— Tu parles de la nôtre, de notre histoire ?
Maurice semble être déjà plus tard.

5 janvier 2011

Plus ou moins quinze ans

— « Le cinéma peine à vieillir ses acteurs autant qu’à rajeunir ses actrices. Dans cette Lettre d’une inconnue, nous assistons à l’un de des étranges chassés-croisés temporels : lorsqu’il emménage dans l’immeuble où habite Lisa, au début, Louis Jourdan a pratiquement l’âge de son rôle, tandis que pour jouer la très jeune fille qui s’éprendra de lui, Joan Fontaine doit être rajeunie d’une quinzaine d’année ; à la fin, au contraire, quand Lisa atteint la trentaine, qui est à peu près l’âge de l’actrice au moment du tournage, ce sera le tour de Louis Jourdan de devoir paraître plus vieux de cette même quinzaine d’années, et c’est donc ce visage fatigué, les tempes grisonnantes, qu’il lit au milieu de la nuit la lettre de l’inconnue qui l’aimait tant. »

Ah ah ah ah ah !
Alain est là. Alain rit comme s’il n’avait pas ri depuis longtemps, en qualité plus encore qu’en quantité.
Il a jeté un regard dans la miroir, vérifier.
Il y vérifie sa jeunesse et, en passant, si Joséphine n’y aurait pas laissé un souvenir de son reflet.
Malgré son arrogance, Alain n’a jamais fait jeune, parce que « ses » cheveux, parce que son grand nez, parce que les habits qu’il aurait dû porter, parce que la musique qu’il aurait dû écouter, parce qu’il n’a jamais aimé les jeunes, parce que les filles ne l’ont jamais trouvé jeune.
Alain rit, un rire de contenance.
Un rire un peu jaune.
Quand ils étaient enfants, quand Alain riait franc, Maurice riait jaune. Maurice sait entendre les rires de son frère.
Léa attend de la part d’Alain qu’il demande quelque chose qu’il n’a jamais demandé car il arbore une tête de quelqu’un qui va demander quelque chose qu’il n’a jamais demandé, une tête que Léa ne lui connaît pas.
— Alain, tu avais quelque chose à demander ?
— Non, non, ma chère Léa, tout va bien, tranquille et tout. Ah ah ah ah ah !
— N’hésite pas.
— Je suis pas du genre à hésiter. Ah ah ah ah ah !

3 janvier 2011

Question sans objet

— « Quand la maison blanche fut brûlée à Virginia City, je perdis mon foyer, mon bonheur, ma santé, et ma malle. La perte de ces deux premiers articles était de peu de conséquence, puisqu’un foyer sans une mère ou une sœur, ou une jeune parente éloignée pour vous rappeler, en cachant votre linge sale ou en jetant vos chaussures à bas du manteau de la cheminée, qu’il y a quelqu’un pour penser à vous et vous chérir, — est une chose aisée à retrouver. Et je me souciais fort peu de la perte de mon bonheur, car, n’étant pas un poète, la mélancolie ne pouvait séjourner longtemps auprès de moi. Mais perdre une bonne constitution et une meilleure malle sont des infortunes sérieuses. Le jour de l’incendie, ma constitution fut atteinte d’un rhume sévère, causé par le mouvement inaccoutumé que je me donnai pour essayer de me rendre utile. »

— Dis Léa, si tout brûlait, quel livre tu emporterais ?
— Que vas-tu inventer là, Maurice ?
— C’est rien, de toute façon je suis déjà enrhumé.

1 janvier 2011

L’opacité d’un discours transparent

À l’hôtel de la Girafe où Alain a établi ses quartiers dans une chambre qu’il nomme à part lui « ma cabine », monsieur Roups, en l’occurrence le commandant du navire qui porterait mieux que personne le titre de pacha, se débat parmi des difficultés qui seraient comparables à une tempête tropicale si on voulait bien se contenter du premier euphémisme venu. Néanmoins, l’idée de présenter la note à Alain — l’aurait-il seulement comprise ? — ne l’effleura jamais.
Au 87 boulevard de la Fraternité où Maurice et Léa ont établi leur petit royaume au milieu des livres, un petit royaume au bord de la banqueroute, Maurice n’a pas trouvé de travail depuis que des clients vétilleux ont signalé des traces sur leurs vitrines. Son usage de la peau de chamois n’avait rien d’académique. L’idée de déchiffrer le sens caché de ce rébus, de vitrines en vitrines, — l’auraient-ils seulement compris ? — ne les effleura jamais.
« J’ai été, en somme, un ouvrier ordinaire ; j’ai travaillé, comme tout le monde, parce qu’il le fallait bien, et j’ai travaillé le moins possible. En revanche, j’étais intelligent. Dès que je le pouvais, je lisais, je discutais, et, comme je n’étais pas bête, il m’est venu une profonde insatisfaction, une révolte profonde contre mon sort et les conditions sociales qui me l’imposaient. »