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9 février 2011

Souvenirs d’Italie

Cette Italie d’aquarelle, et ses ciels ambre, azur et roses, est-elle la même que le brouillard interdit à la vue de Maurice et Léa, ou encore celle, trop nette, que Maurice rapporta à Léa de Florence à travers de superbes cartes postales aux ciels ambre, azur ou roses ? Maurice penche pour cette dernière, faute de se souvenir réellement du voyage à Ivrea hormis le blanc qui recouvre et le voyage et le souvenir, ou à cause de ce blanc éblouissant qui recouvrait le paysage autour d’Ivrea, jusqu’à l’effacer de la carte du monde, quand Léa repense à Stendhal, comme le rappelle Sebald qu’elle relit pour ne pas trahir sa pensée.
— Tu te rappelles, Maurice : « Quelques années plus tard, rangeant de vieux papiers, il avait retrouvé une gravure légendée Prospetto d’Ivrea et figurant en tous points le tableau fixé dans sa mémoire. Beyle, dit Sebald, avait été contraint de reconnaître que la gravure et le souvenir ne faisait plus qu’un dans son esprit, au point de ne plus savoir lequel avait influencé l’autre. »
— Je me rappelle parce que tu me le rappelles.

Maurice doit-il l’interpréter comme un reproche fait à la gravure, comme à la carte postale florentine, de remporter un match gagné d’avance, celui du souvenir, face à la fragilité de l’impression ressentie sur place, comme celle, au Rijkmuseum, qui le stupéfia devant le blanc qui ceint la porte de La Ruelle de Vermeer que jamais il ne saurait traduire.
En revanche, pour Maurice, Léa, bien que nouvelle chaque jour, est toujours la première qu’il vit un soir au bal.
Pour Léa, Maurice, bien que le même chaque jour, ne cesse de l’étonner.

Que restera-t-il du 87 boulevard de la Fraternité ? Peut-on imaginer que le souvenir des lectures à haute voix de Léa préserveront la forme des lieux comme un paysage se recompose grâce à l’ondoiement de quelques traits de gravure imitant le relief ?