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10 octobre 2010

Il était une fois des fleurs boulevard de la Fraternité

— « Il ne voyait les fleurs, le sous-bois ou le bord de la mer qu’à travers une vitre qui l’en séparait. Le spectateur qu’il était ne pouvait pas rentrer dans l’image et n’avait accès qu’à l’idée que s’en faisait son cerveau désolé. Il devait se contenter du souvenir de ces paysages ou de ces fleurs dans un vase. S’il voyait s’animer un bout du monde, il n’en faisait pas partie. Il en était toujours écarté. Du reste il lui suffisait
de voir des fleurs, le sous-bois ou la plage pour les priver de toute réalité. »

Les promenades dominicales se raréfiaient. Il y avait toujours une raison, pas toujours exprimée, alors que jusqu’ici il n’y avait eu besoin d’aucune raison pour aller se promener dans les jardineries aux confins de la ville, voire au-delà quand Sara entraînait Maurice et Léa dans son sillage. On pourrait dater cette modulation depuis que Maurice arpente la ville pour des raisons pécuniaires — si cette explication n’était pas trop paressseuse.
Et puis Sara ne s’est plus manisfestée depuis l’histoire avec Walter — sans imaginer pour autant un rapport de cause à effet.
Sara n’a rien de commun avec les femmes qui savent aimer comme elles seules. Elle reproche à Léa de savoir aimer comme une femme se devrait d’aimer, comme elle aime Maurice. Ça l’amuse plus que ça la désole. Ça finit par la toucher. Ça finit par l’inquiéter.
Elle aime sa sœur non comme on doit aimer une sœur, mais comme elle aime sa sœur on ne sait souvent pas aimer.
Il est arrivé que Sara ne se manifeste plus des années durant sans pour autant s’exiler dans une patagonie tasmanienne. Elle se promène dans les pensées de Léa qui invente alors une Sara composée comme un palimpseste confondant plusieurs âges où se bousculent des événements où se disputent le grave et le futile.
Maurice voit souvent Alain en se regardant dans la glace. Il y voit aussi son grand-père Emmanuel comme il l’a inventé, et puis son père…