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15 juillet 2010

Avec des gants

— « Cette salle de coupe était l’endroit qui lui avait donné l’envie de suivre son père dans le commerce du gant, l’endroit où il était passé à l’âge d’homme. Baignée de lumière, haute de plafond, cette salle était le lieu de la fabrique qu’il préférait depuis qu’il était tout enfant, et qu’il avait vu de vieux coupeurs arriver, tous habillés du même costume trois pièces, avec leurs chemises blanches empesées, leurs cravates, leurs bretelles et leurs boutons de manchettes. Chaque coupeur retirait avec soin sa veste de costume pour la pendre dans le placard, mais le Suédois ne se rappelait pas en avoir jamais vu un retirer sa cravate, et ils n’étaient pas nombreux à se permettre la familiarité de tomber le gilet, moins encore de retrousser leurs manches avant d’avoir enfilé un tablier blanc tout propre et de s’être penchés sur la première peau, qu’ils commençaient par dérouler de la mousseline humide où on la rangeait, pour entreprendre de l’étirer. »

Maurice montre trop d’indifférence pour ne pas souligner son intérêt.
Léa a remarqué quelque chose chez Maurice qu’elle n’avait pas encore identifié, bien qu’il ait laissé des indices depuis plusieurs jours : la fatigue remplaçait sa lassitude. Elle la percevait par quelques signes inédits pour donner le change, comme cette indifférence exagérée à cette lecture. L’accumulation fit soudain sens. Pendant que Léa travaille chez Pridami le matin et chez Multi-Tissus l’après-midi, Maurice cherche du travail toute la journée.