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6 juin 2010

Léa et son double

— « Grâce à mes leçons, Léa avait progressé non seulement dans les études des auteurs et des textes littéraires, mais aussi en hébreu. Les parents de mon élève s’en étaient félicités, car l’hébreu est la langue des textes sacrés. Et le père de Léa m’écartait à présent avec ingratitude ! “Ne vous en déplaise, cher monsieur, pensais-je, votre fille n’oubliera pas le savoir que je lui ai transmis. Même loin de moi, elle continuera à penser à mes poèmes et conservera le souvenir de mon enseignement.” »
Maurice lit. Il ne lit pas très bien, il lit en essoufflé, il oublie le rôle des virgules et des points.
— C’est un peu toi, Léa, et….
— Elle s’appelle Léa, en effet, c’est une coïncidence, on ne peut rien conclure d’une coïncidence.
Léa a répondu sèchement à Maurice. Elle s’aperçoit qu’elle s’agace que Maurice prenne sa place alors qu’elle était convaincue que le jour où il sauterait le pas, elle sauterait de joie.
— Tu ne peux pas te débarrasser aussi facilement du contexte.
Quand Léa partage un moment de lecture avec Maurice, elle ne pioche pas au hasard dans le livre — choisi lui-même par quelque malice dans la bibliothèque — ce sont les phrases mêmes qui protestent pour gagner l’attention de Maurice. S’entendre lire à voix haute alors la surprend, elle ne se rappelle jamais en avoir décidé.
— Et puis cette Léa-là est déjà morte, à la fleur de l’âge, il est question ici de son souvenir.