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19 mai 2010

Route Richard Cœur de Lion

— « Qu’un individu veuille évoquer chez un autre individu des souvenirs qui n’appartiennent qu’à un troisième, voilà un paradoxe évident. Réaliser en toute tranquillité d’esprit un tel paradoxe, c’est l’innocent objet de toute biographie. Je crois aussi qu’avoir connu Carriego ne diminue en rien, dans ce cas particulier, la difficulté du propos. J’ai des souvenirs de Carriego : souvenirs de souvenirs d’autres souvenirs, dont les minimes déviations originales ont dû insensiblement s’accroître, à chaque nouvelle étape. Je sais qu’ils conservent la saveur idiosyncrasique liée au nom de Carriego et qui nous permet d’identifier un visage dans la foule. »

Est-ce à dire que son Richard Cœur de Lion a du plomb dans l’aile ? Léa veut-elle transmettre un message à Maurice ? A-t-elle un plan ? En tout cas, Maurice le prend pour lui. Bien qu’il sache Léa bienveillante — ne vit-elle pas chez lui un danseur exceptionnel —, il n’en craint pas moins d’être désarçonné. Il interroge cette lecture, plus que les précédentes encore (à tout le moins depuis W. G. Sebald se rappelant Stendhal), sous tous les angles et dans tous les sens. Il pense aussi à son frère, à savoir comment il se souvient d’Alain et ce dont il se souvient, maintenant qu’il l’a revu deux fois dans le temps présent.
Là-dessus passe la vertueuse promenade du dimanche.
Et le lundi Maurice aura oublié — d’autant plus après la séance de midi et quart.
Et la route de Richard Cœur de Lion, quoique tourmentée et parsemée de chausse-trapes, sera dégagée.

Jusqu’à samedi.